« Mois sans tabac » : les IDELS acteurs de la prévention
Novembre 2021 : 6e édition du « Mois Sans Tabac ». Cette initiative de Santé Publique France et du ministère des Solidarités et de la Santé a pour objectif de sensibiliser les Français sur les impacts de cette addiction sur la santé mais également d’informer sur les solutions et l’accompagnement des fumeurs souhaitant arrêter.
Mais connaissez-vous le rôle des IDELS dans la prévention et l’accompagnement pour l’arrêt du tabac ? Roland Pautonnier, infirmier libéral depuis 10 ans et Infirmier en Pratique Avancée (IPA) depuis le mois de mars 2021 dans la Manche, s’est spécialisé dans cet accompagnement. Il nous livre son témoignage.
Depuis combien de temps êtes-vous engagé dans l’accompagnement dans l’arrêt du tabac ? Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans cet accompagnement ?
« Je me suis impliqué dès 2016 dans cet accompagnement car beaucoup de patients sont fumeurs d’une part, et ne connaissent pas forcément les problématiques liées au tabac.
Le sevrage tabagique à un intérêt thérapeutique notamment dans la cicatrisation, les suites post-opératoires qui ne sont pas du tout les mêmes que pour un patient non-fumeur. C’est un peu par ce biais mais aussi car je suis initialement un infirmier qui travaillait en psychiatrie, et donc intéressé à l’éducation thérapeutique et à l’accompagnement des patients dans leurs problématiques d’addiction, que je me suis intéressé à ce sujet.
A un moment on passe un cap, le patient prend conscience que la consommation de tabac pose vraiment un problème pour les soins à venir. D’un point de vue plus général le patient qui souhaite pouvoir arrêter de fumer, ça arrive, peut nous demander des conseils mais ne trouve pas toujours la bonne démarche thérapeutique à suivre. Cela était mon leitmotiv et cela m’intéressait de poursuivre et de continuer dans cette voie. »
Quelles sont les formations que vous avez effectuées pour vous spécialiser dans l’accompagnement des patients souhaitant arrêter de fumer ?
« J’ai un diplôme interuniversitaire en tabacologie. Quand j’ai validé ce diplôme en 2017, la prescription pour les infirmiers commençait à être mise en place. J’aime bien comprendre ce que je prescris c’est donc aussi pour ça que je me suis formé. Même s’il y avait des formations plus courtes proposées par des organismes de formation, cela ne me suffisait pas. Je voulais continuer pour comprendre et aller plus loin. »
Quel est le cadre qui vous permet d’accompagner vos patients ? Comment abordez-vous les problématiques liées au tabagisme avec eux ?
« Aujourd’hui, je suis IPA, c’est donc dans le cadre de l’avenant 7[1]que je peux prendre en charge et être rémunéré pour ce suivi. Cela me permet de travailler et d’accompagner les patients dans la compréhension des facteurs de risque et la réduction de ces facteurs qu’ils soient cardiovasculaires, pulmonaires ou autres. Le tabagisme est un facteur de risque majeur, c’est donc par ce biais-là, dans ma consultation que je peux mener de l’éducation thérapeutique et proposer un sevrage avec toute la palette de dispositifs que j’ai pu acquérir avec mon diplôme universitaire (DU). »
Quel est le protocole d’accompagnement que vous mettez en place auprès des patients souhaitant commencer un sevrage ?
« Je n’utilise pas de protocole en particulier. C’est vraiment un travail d’éducation thérapeutique. Donc il y a plusieurs étapes : comprendre quel est le besoin, ensuite trouver la stratégie thérapeutique qui correspond au patient.
C’est vraiment un travail d’éducation thérapeutique qui s’adapte au patient. Certains ont besoin de revoir leur schéma corporel, d’autres de gérer le stress. Notre rôle est d’accompagner le patient dans ces différentes sphères qu’elles soient de la dépendance physique ou la dépendance psychique et comportementale.
Dans la pratique, le plus important pour les infirmiers, c’est évaluer la dépendance et la titration en nicotine, et en fonction des compétences de l’infirmier, la mise en place d’entretiens motivationnels ; si on a la capacité d’en mener. Tout dépend des formations. Le minimum c’est la compréhension de la dépendance, et de la titration en nicotine. »
Les IDELS ont un rôle d’accompagnement des patients dans leurs démarche thérapeutique. En tant que spécialiste, quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un(e) infirmier(ère) souhaitant s’engager davantage dans la prévention anti-tabac ?
« Alors déjà se former, pour pouvoir faire la bonne titration en nicotine et savoir prescrire. Il existe des formations assez courtes. Il faut ensuite vraiment faire alliance avec le patient, c’est le patient qui va nous guider sur comment s’y prendre pour l’accompagner. Moi je pense qu’il ne faut pas que ce soit trop descendant, c’est vraiment un travail de coopération avec le patient. Ce sont les deux conseils que je peux donner. »
Entretien téléphonique de Roland Patronnier, infirmier libéral en pratique avancée spécialisé en tabacologie, réalisé le 15 novembre 2021.
Pour retrouver toutes les informations sur le « Mois Sans Tabac », connectez-vous sur le site de « tabac info service ». Un espace réservé aux professionnels de santé vous permet également d’en savoir plus sur l’accompagnement des patients fumeurs dans leur démarche d’arrêt.
[1] L’avenant 7, relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée, conclu 4 novembre 2019 entre l’Uncam, l’ Unocam et 2 des 3 syndicats représentatifs de la profession (Sniil et FNI)