Vaccination des séniors : un objectif prioritaire de santé publique
Publié le 11 janvier 2024, le rapport de l’Académie nationale de médecine insiste sur l’importance de la vaccination des séniors (patients de 65 ans et plus). Alors que ces patients sont de moins en moins vaccinés contre la grippe (80.7% des personnes vaccinées contre la grippe en 2023 sont des plus de 65 ans contre 82.7% en 2022[1]) et la Covid-19, l’Académie nationale de médecine préconise de mener également une politique vaccinale contre les infections dues au pneumocoque, au VRS et au zona.
Une population fragile
Les plus de 65 ans représentent aujourd’hui 20% de la population, ils seront 30% en 2030. Il s’agit donc d’un véritable enjeu de santé publique dont il faut s’emparer dès maintenant. Ainsi, les sages de l’Académie souhaitent que le programme de vaccination des séniors cible désormais 5 maladies : la grippe, la Covid-19, les infections dues au pneumocoque, au VRS et le zona. Les séniors sont, en effet, plus durement touchés par ces maladies. Entre 2011 et 2022, plus de 42% des hospitalisations et admissions en réanimation pour la grippe concernaient des personnes de plus de 65 ans. On constate également que les trois quarts des patients hospitalisés pour la pneumonie aiguë sont des personnes âgées de plus de 70 ans. Chaque année en Europe, l’infection à VRS entraine 250 000 hospitalisations chez les séniors et 17 000 décès. Quant à lui, le zona peut entraîner des complications chez les personnes âgées ou immunodéprimées. Enfin, nous pouvons rappeler que lors du pic de la pandémie de la Covid-19 en France, plus de 90% des personnes décédées avaient plus de 60 ans.
Les 7 recommandations des sages
Dans son rapport, l’Académie nationale de médecine établit 7 recommandations pour les pouvoirs publics :
- Mettre en œuvre une politique nationale de prévention assurant une protection vaccinale couvrant tous les âges de la vie ;
- élargir l’usage du carnet de vaccination numérique dès le plus jeune âge à l’ensemble de la population ;
- établir et maintenir un taux élevé de couverture vaccinale chez les professionnels de santé et de l’aide à la personne, notamment pour les vaccinations contre la grippe et la Covid-19 ;
- ne jamais penser qu’il est trop tard pour vacciner une personne âgée, les effets de l’immunosénescence peuvent être surmontés par l’utilisation de nouveaux vaccins (Efluelda®, Shingrix®, Apexxnar®, Arexvy®) ayant montré un gain d’efficacité chez les seniors ;
- considérer comme prioritaires cinq maladies cibles dans le programme de vaccination des seniors (grippe, Covid-19, infections dues au pneumocoque et au VRS, zona) ;
- rendre disponibles les vaccins Arexvy® et Abrysvo® contre le VRS et le vaccin Shingrix® contre le zona, autorisés en Europe, mais n’ayant pas encore fait l’objet de recommandations en France, et promouvoir leur utilisation en routine chez les seniors ;
- saisir toutes les opportunités pour mettre à jour les vaccinations des personnes âgées.
Depuis le 10 août 2023, les infirmières et infirmiers sont habilités à prescrire et administrer ces vaccins, hormis celui contre les infections au VRS[2] qui n’est pas encore inscrit au calendrier vaccinal. En tant qu’acteur clé de la prévention, vous avez la possibilité de sensibiliser vos patients âgés sur la nécessité de prévenir des maladies, et notamment leur forme grave et de les vacciner. Les rendez-vous de prévention de la tranche d’âge des 60/65 ans est également le moment idéal pour faire le point sur le statut vaccinal de ces personnes. Nous un rôle essentiel à jouer dans la prévention, et la vaccination est l’un des outils à notre disposition.
[1] Source : outil du GERS « SogNow »